RÖMER, T. La Bible, quelles histoires!: Entretien avec Estelle Villeneuve. Montrouge/Genève: Bayard Éditions/Labor et Fides, 2014, 288 p. – ISBN 9782227482203.
Sobre o livro, publicado agora em fevereiro de 2014, escreve Christophe Lemardelé em Désacraliser la Bible par l’histoire: Mediapart: 02/03/2014
(…) L’ouvrage dont il est ici question est à même d’opérer cette même entreprise de «vulgarisation» – en fait, de mise à disposition du grand public – des connaissances scientifiques sur l’objet «Bible» car c’est un entretien mené par l’archéologue, journaliste et éditrice Estelle Villeneuve avec le professeur Römer. Le «style oral» de cet ouvrage permet donc au lecteur de comprendre plus aisément des problèmes complexes comme la concurrence de mythes fondateurs (autochtonique et exodique) dans les deux premiers livres bibliques ou la référence à deux divinités distinctes (El et Yahvé, un chef du panthéon et un dieu de l’orage) en ce qui concerne l’émergence du monothéisme. Autant dire que la synthèse des recherches actuelles opérée par Thomas Römer dans ce livre a de quoi surprendre le lecteur qui aurait rangé la Bible dans la catégorie trop simple de la littérature pour croyants. Car les textes bibliques sont avant tout une littérature s’étalant sur presque un millénaire, bien que concentrée sur une période difficile à situer précisément (entre le vie et le ive siècle av. J.-C.), littérature historiographique qu’il s’agit de déconstruire historiquement afin d’en dévoiler les enjeux idéologiques.
Évidemment, le lecteur agnostique et étranger à la culture judéo-chrétienne peut très bien trouver totalement inutile de s’intéresser à des textes si anciens. Pourtant, le mythe de la terre promise autour d’un Moïse plus littéraire qu’historique et celui d’un grand royaume unifié sous David et Salomon – mythe déconstruit par l’archéologue Israel Finkelstein cette dernière décennie – n’ont cessé d’irriguer l’imaginaire idéologique de nations modernes comme les États-Unis ou Israël. On ne peut penser, comme on le faisait au siècle passé, que nos sociétés ne puisent leurs références que dans un passé proche. Le retour du religieux, si souvent évoqué de manière quelque peu prophétique, n’est en fait qu’une présence qui n’a jamais réellement disparu et qui peut être réactivée par des enjeux actuels. Il est donc important, comme le déclare Thomas Römer, de ne pas laisser ces textes aux seules communautés religieuses, ni même à tous ceux qui s’avèreraient prompts à en faire des interprétations très approximatives et totalement anachroniques. Non seulement les textes bibliques restent d’une importance cruciale dans notre présent politique, mais ils font en outre partie de notre patrimoine historique, au-delà donc d’un patrimoine culturel et religieux (continua)