O Evangelho não espera

A atualidade do Vaticano II

“A defesa do Vaticano II, que se considerava ameaçado, levantou muitíssimos protestos altamente legítimos. Importante seria que a comunidade católica conhecesse os grandes ensinamentos do Concílio, cuja recepção apenas começou”.

Essa é a opinião do teólogo francês Jean Rigal, publicada no jornal La Croix, em 25.07.2009, e reproduzida, em português, por IHU On-Line de 30.07.2009

 

L’actualité de Vatican II

Est-il encore trop tôt pour proposer des réflexions approfondies sur les questions qui viennent de secouer durement l’Église catholique ? On peut, quoi qu’il en soit, relever d’ores et déjà quelques points majeurs qui ont retenu l’attention d’un grand nombre de personnes, appartenant ou non à cette Église.

Ce qui frappe, au premier abord, c’est l’écart – ou plutôt le fossé – qui semble s’instaurer entre l’institution ecclésiale, spécialement la hiérarchie romaine, et une grande partie de la société contemporaine, du moins en Occident. On a dit qu’il s’agissait d’un problème de communication, on a parlé de « dysfonctionnement », on a accusé le déferlement médiatique. Certes, tout cela doit être pris en considération. Mais, sans doute, apparaît quelque chose de bien plus profond, qui est de l’ordre du rapport entre la communauté ecclésiale et le monde de ce temps. Un seul exemple, éloquent : il ne suffit plus que le pape parle pour qu’on l’écoute. Cette époque est révolue.

En réalité, ce qui est en question c’est ce « dialogue mutuel » dont parlait Vatican II. « Tout ce que nous avons dit, déclare le Concile, sur la dignité de la personne humaine, sur la communauté des hommes, sur le sens profond de l’activité humaine, constitue le fondement du rapport qui existe entre l’Église et le monde, et la base du dialogue mutuel » (Gaudium et spes n. 40). La nécessité de ce dialogue repose d’abord sur trois fondements d’ordre sociologique, éthique, profondément humain. Cela interroge, déplace, stimule le statut de la parole de l’Église dans le monde contemporain. Toute position d’extériorité et de surplomb est désavouée. C’est le mode de présence de l’Église à notre société qui est en jeu et interpellé.

Un autre aspect a été fréquemment relevé : l’exercice de la collégialité épiscopale. Il n’est pas rare d’entendre dire qu’elle est devenue un « mythe ». Alors que Vatican II s’était efforcé d’inscrire la collégialité épiscopale à l’intérieur et au service de la communion de l’Église et des Églises locales, ce « lien » des évêques au service de la mission universelle semble trop souvent oublié. On l’a bien perçu dernièrement dans les décisions prises par le seul Centre romain. L’idée de « collégialité » était déjà une idée-force dans les écrits de saint Cyprien (IIIe siècle). Mais par la suite, elle a quasiment disparu au profit d’une autorité centralisatrice, où des motivations subtiles de « pouvoir » au service du bien de l’Église ne sont pas absentes. Il est urgent que la collégialité épiscopale retrouve sa véritable place et toute sa place dans l’animation et la mission de l’Église, surtout lorsqu’il s’agit de décisions « importantes ».

Une troisième dimension liée à ces événements a été soulignée : les réactions d’un grand nombre de catholiques et de beaucoup d’autres, sans doute, avec des sensibilités fort différentes et pour des motivations très diverses, sinon opposées. C’est l’un des aspects les plus positifs de ce qui vient d’arriver. En réalité, Vatican II a restauré une vieille notion disparue au cours des siècles : celle du « sens de la foi » du peuple chrétien, c’est-à-dire du « sens évangélique » de l’ensemble des baptisés exercé dans la communion de l’Église. « Le sens chrétien », mis en valeur à six reprises par Vatican II, n’est pas souvent contesté dans son principe, mais son application demeure difficile et même ne parvient guère à s’imposer. On pourrait s’interroger, à ce sujet, sur la réception faite à l’encyclique Humanæ vitæ (1968), concernant la régulation des naissances. Bien évidemment, l’exercice du « sens de la foi » demande information, réflexion et débat. C’est ainsi que, récemment, la défense de Vatican II, que l’on jugeait menacé, a soulevé nombre de protestations fort légitimes. Encore faudrait-il que la communauté catholique connaisse les grands enseignements du Concile dont la réception est à peine commencée. Maints diocèses ont entrepris une formation dans ce sens.

Plusieurs des questions soulevées, ces derniers temps, touchent la morale sexuelle. On connaît la discrétion de Vatican II sur ce sujet : le pape Paul VI s’était réservé d’intervenir en ce domaine. Aujourd’hui, la notion de « loi naturelle » revient en force. Son caractère universel et sa dimension profondément humaine sont soulignés. Mais cette notion demande approfondissement, et la notion même de « nature » appelle de nouvelles recherches. Plus immédiatement, pour beaucoup de personnes, ce sont la nouveauté et la complexité des questions et des situations qui posent problème : corps médical, malades atteints du sida, vie de couple, situation de détresse… On l’a bien vu avec « l’affaire de Recife ». La morale des purs principes conduit à des décisions légalistes qui semblent incompatibles avec l’annonce d’une « Bonne Nouvelle ». Une parole « doctrinaire » a peu de chances d’être prise en compte.

Qu’il me soit permis, enfin, de dire quelques mots sur la contribution des théologiens à la réflexion d’ensemble du corps ecclésial. Des théologiens allemands se sont exprimés collectivement sur les événements en question. Cela ne s’est pas produit en France. On peut le regretter, car les théologiens ont à exercer une vocation particulière pour le peuple de Dieu, sans esprit de polémique, humblement, au service de tous. Il faudrait pour cela en prendre les moyens, mais qui en aura l’initiative, sous des modalités à définir ?

C’est le service de l’Évangile qui est d’abord en cause dans ces quelques réflexions, et non l’opinion de tel ou tel chrétien en particulier quelle que soit l’importance de ses responsabilités. Car l’Évangile n’attend pas.

 

Quem é Jean Rigal e quais são suas obras?

Pertence à diocese de Rodez, França, e é teólogo especialista em problemas da Igreja. Foi professor de eclesiologia por 25 anos na faculdade de teologia de Toulouse. Entre suas últimas obras, Ces questions qui remuent les croyants (Lethielleux, 2011) e Une foi en tranhumance (Desclée 2009).

Jean Rigal, né en 1929, prêtre du diocèse de Rodez, est un théologien spécialiste des questions relatives à l’Église. Professeur d’ecclésiologie pendant vingt-cinq ans à la faculté de théologie de Toulouse, il a animé de multiples sessions en France et en différents pays. Il est l’auteur de nombreux articles et d’une quinzaine d’ouvrages.